L’origine de l’Ordre du Carmel et la tradition du Mont Carmel
La dévotion au scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel est profondément enracinée dans l’histoire de l’Ordre du Carmel, qui remonte aux premiers siècles du christianisme. Le Mont Carmel, situé en Terre Sainte, possède une signification sacrée depuis l’époque biblique. C’est sur ce mont que le prophète Élie, l’une des figures les plus vénérées de l’Ancien Testament, mena un combat spirituel contre les prêtres de Baal (1 Rois 18, 20-40). La victoire d’Élie sur le culte païen fit du Mont Carmel un symbole de la lutte pour la vraie foi, inspirant plus tard la fondation d’un ordre religieux dédié à la prière, au silence, à la pénitence et au retrait du monde.
Au XIe siècle, attirés par l’exemple du prophète Élie et par la sérénité spirituelle du Mont Carmel, un groupe d’ermites s’installa sur ce lieu pour mener une vie de contemplation et de prière. Ils construisirent une petite chapelle dédiée à la Vierge Marie, qu’ils commencèrent bientôt à appeler « Notre-Dame du Mont Carmel ». Ainsi naquit l’embryon de l’Ordre du Carmel, qui allait se répandre en Europe et marquer profondément la spiritualité chrétienne.

La crise des croisades et l’arrivée des Carmes en Europe
Avec l’avancée des croisades et l’occupation accrue de la Terre Sainte par les musulmans, la vie des ermites carmélites sur le Mont Carmel devint difficile, voire impossible. Durant les troisième et quatrième croisades, le territoire fut repris par les Sarrasins, obligeant de nombreux chrétiens à fuir. Les Carmes furent parmi ceux qui durent quitter leurs demeures et, au début du XIIIe siècle, ils migrèrent vers l’Europe.
En Europe, les Carmes tentèrent de conserver leur mode de vie érémitique, mais ils se heurtèrent à de nombreux obstacles : résistance des autorités ecclésiastiques et civiles, difficultés économiques, et une incompréhension face à leur vocation contemplative sans mission pastorale claire. La survie de l’Ordre était en péril.

L’apparition de Notre-Dame à saint Simon Stock
Au milieu de cette crise, en 1251, un événement marquant changea le destin de l’Ordre. Saint Simon Stock, né en Angleterre, était un fervent carme reconnu pour sa vie de prière et sa sagesse spirituelle. Élu Supérieur Général de l’Ordre, il pria avec ferveur Notre-Dame du Mont Carmel pour obtenir son secours.
En réponse à ses prières, la Vierge Marie lui apparut, tenant le scapulaire dans ses mains, et lui dit :
« Reçois, mon fils bien-aimé, ce scapulaire de ton Ordre. Il sera un signe de salut, un bouclier de protection dans les dangers, et un gage de paix. Celui qui mourra en le portant ne souffrira pas le feu éternel. »
Cette promesse marqua le début officiel de la dévotion au scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel.
Signification et importance du Scapulaire
À l’origine, le scapulaire était une large pièce de tissu couvrant les épaules des religieux carmélites, descendant sur la poitrine et le dos. Il symbolisait le « joug léger du Christ » (cf. Matthieu 11,30). Avec le temps, le scapulaire fut adapté pour les laïcs sous la forme actuelle : deux petits morceaux de tissu reliés par des cordons.
Le scapulaire est un signe extérieur de dévotion et de consécration à la Vierge Marie. Il symbolise le désir de vivre sous sa protection et de suivre son exemple d’humilité, d’obéissance et de service à Dieu. Toutefois, l’Église enseigne que le port du scapulaire doit être accompagné d’une vie de prière et de fidélité aux commandements, et d’une participation active aux sacrements.


La promesse de Notre-Dame : le Salut pour les dévots
La grande promesse attachée au scapulaire – échapper à la damnation éternelle – devint un élément central de la dévotion carmélite. De plus, Notre-Dame promit une protection spéciale durant la vie et à l’heure de la mort.
Il est essentiel de comprendre que cette promesse n’est pas un sauf-conduit magique pour le salut, mais un encouragement à vivre une vie authentiquement chrétienne.
Le rôle des papes et de l’Église dans la diffusion du Scapulaire
De nombreux papes ont encouragé la dévotion au scapulaire. Saint Jean-Paul II, fervent dévot, et le pape Pie XII, qui qualifia le scapulaire de « signe de consécration au Cœur Immaculé de Marie », figurent parmi les plus marquants.
Pie XII accorda aussi des indulgences particulières aux fidèles portant le scapulaire avec dévotion et vivant en accord avec les exigences de l’Église.


Indulgences et obligations liées au Scapulaire
Les fidèles qui portent le scapulaire peuvent bénéficier d’indulgences plénières, à condition de respecter certaines pratiques :
- Recevoir le scapulaire de la main d’un prêtre autorisé.
- Le porter pieusement.
- Observer la chasteté selon son état de vie.
- Réciter régulièrement des prières mariales, comme le Rosaire.
La plus célèbre indulgence est la « faveur du samedi » (ou « Privilège sabbatin »), qui promet la délivrance du purgatoire le premier samedi après la mort pour ceux qui remplissent les conditions requises.
Le Scapulaire dans la vie des saints
Des figures spirituelles majeures furent de grands dévots du scapulaire, comme saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel déchaussé. Sainte Thérèse encourageait fortement le port du scapulaire comme bouclier spirituel.
Le Padre Pio, autre exemple marquant, ne se séparait jamais de son scapulaire et le recommandait vivement à ses fidèles.
Le Scapulaire et le Concile Vatican II
Le Concile Vatican II, tout en mettant l’accent sur l’Eucharistie et les sacrements, a réaffirmé la valeur des dévotions populaires, dont celle du scapulaire, quand elles sont vécues dans un esprit authentique de foi.
Le pape Paul VI souligna que le scapulaire restait un moyen légitime de grandir dans la sainteté.
La signification contemporaine du Scapulaire
Aujourd’hui encore, le scapulaire est l’un des sacramentaux les plus répandus chez les catholiques. Il demeure un rappel visible de notre consécration à la Vierge Marie et un appel à vivre selon l’Évangile.
Dans un monde en quête de repères, le scapulaire est un signe d’espérance, un symbole de foi et de fidélité.
Les apparitions mariales et le Scapulaire
Lors de la dernière apparition de Fatima, en 1917, Notre-Dame est apparue tenant le scapulaire, confirmant ainsi son importance dans le cheminement spirituel des fidèles.
Comment recevoir et porter le Scapulaire
Pour adopter le scapulaire, il est nécessaire de recevoir l’imposition officielle par un prêtre. Ce rite simple marque le début de la dévotion personnelle.
Le scapulaire doit être porté sur soi, en signe de consécration. Certains optent pour la médaille scapulaire, mais la version en tissu demeure la plus traditionnelle.